Le caractère
« remarquable » d’un arbre dépend de nombreux critères, multiples et
subjectifs.
En dehors des qualités
incontestables qui rendent certains individus exceptionnels, comme la longévité
ou les dimensions, bien d’autres paramètres peuvent entrer en compte.
Un arbre qui peut paraître
quelconque parmi ses semblables, au milieu d’une forêt, sera remarqué isolé et
servant de repère visuel, au milieu d’un paysage ; planté au milieu d’une
place de village, il prendra une valeur symbolique et culturelle au voisinage
des générations d’hommes qui le côtoieront ; seul de son essence dans une
région, il sera distingué pour sa rareté.
Arbres exceptionnels par leur
histoire, leur dimension ou encore leur forme, souvent connus depuis des
générations, ils traversent les époques et rappellent à l'homme son histoire
locale ou nationale, et ses légendes.
Témoins de
l’histoire des hommes
Depuis longtemps, dans
certaines cultures, des arbres plus grands ou plus gros que les autres sont
réputés abriter les esprits d'ancêtres ou avoir des vertus particulières.
D'autres sont appréciés pour
leur ombre et peuvent abriter diverses cérémonies ou être un lieu de rencontre,
de justice (« arbre
à palabres »,
arbre de Saint-Louis…).
Quelquefois, c’est
par décision d’un groupe, d’une communauté réunie dans la liesse ou dans le
souvenir des souffrances passées, qu’un arbre est planté, comme un
geste d’espoir, comme un élan de fraternité retrouvée, comme un message adressé aux générations futures.
L’arbre est
alors témoin parce qu’on a voulu qu’il témoigne, et parce qu’on l’a
planté avec autant de confiance que si on avait érigé un monument de pierre.
Chacun sait
confusément que les arbres survivent aux tourments des hommes, bien plus
longtemps souvent que
les constructions ou les stèles qu’on avait crues
définitives. L’arbre grandira, et les humains auront pour tâche de révéler le sens de sa présence, de maintenir le
souvenir vivace, sans quoi notre arbre ne sera plus qu’un arbre parmi les arbres.
L’arbre
toujours, est témoin de ce dont les hommes veulent bien se souvenir.
Traversant les siècles, les
arbres ont assistés aux faits historiques.
Autant que les livres
d’histoire, ils traversent les époques et semblent inscrire en eux la mémoire
des peuples.
Arbres symboliques
L’exemple du Cèdre du Liban
Le cèdre, symbole du Liban, est considéré
comme un arbre sacré car il est mentionné dans les trois grandes religions
monothéistes.
Le Cèdre du
Liban est mentionné dans la Bible comme utilisé par Salomon pour construire la
charpente du temple de Jérusalem. Il est également mentionné dans le Psaume
104: « Et le cèdre du Liban que Tu plantas ».
Alphonse
de Lamartine (1790-1869), émerveillé par les cèdres du Liban lors de son voyage
en Orient en compagnie de sa fille Julia, eut ces paroles : « Les cèdres du
Liban sont les reliques des siècles et de la nature, les monuments naturels les
plus célèbres de l'univers. Ils savent l'histoire de la terre, mieux que
l'histoire elle-même ».
Antoine
de Saint-Exupéry (1900-1944), qui aimait beaucoup les cèdres et qui par
ailleurs avait séjourné au Liban en 1935, écrivait dans Citadelle : « La paix
est un arbre long à grandir. Il nous faut, de même que le cèdre, aspirer encore
beaucoup de rocaille pour lui fonder son unité ».
Pour
les Libanais, le cèdre est un symbole d'espoir, de liberté et de mémoire. En
1920, un des textes de la proclamation du Grand Liban déclare : « Un cèdre
toujours vert, c'est un peuple toujours jeune en dépit d'un passé cruel. Quoiqu’opprimé,
jamais conquis, le cèdre est son signe de ralliement. Par l'union, il brisera
toutes les attaques ».
Le cèdre
du Liban fut célébré par les plus grands
écrivains du monde :
Khalil
Gibran, Antoine de Saint-Exupéry, Alphonse de Lamartine.
|
Grands par la taille
Le Sequoia de Californie nommé « Hyperion » et
un eucalyptus en Tasmanie entre autres monstres d’environ 100m de haut.
Quant au "General
Sherman"
situé dans un grand parc de Californie. Il est réputé être le plus grand
séquoia géant du monde, mais en plus il serait le plus gros.
Cet arbre monumental mesure 83,8 m
de haut pour 24,10 m de circonférence (même 31,4 m à la base).
La cime est large de 33 m et la
branche la plus basse est située à 40 m de haut !
Ils portent des noms
issus de la mythologie, on ne peut plus symboliques.
-Hypérion : en grec :
“Celui qui est au
dessus”
- Hélios : Dieu du soleil
Quant à Icarius, tiré
d’Icare est connu principalement pour être mort après avoir volé trop près du soleil …
Le « champion du tour de
taille »
|
Il mesure 41 mètres de haut pour 42 mètres de circonférence.
Son diamètre, mesuré à 1,5 m de hauteur atteint 14,4 mètres.
Il serait âgé d'entre 1200 à 3000
ans.
Vieux comme Mathusalem
Le plus vieil
arbre non clonal
C’est-à-dire un même
arbre issu d’une même racine.
Mathusalem est un type de pin
vivant au sommet des White Mountains du comté d’Inyo, en Californie orientale.
Il tient son nom
à l’un des personnages ayant vécu près de 1000 ans dans la Bible. L'âge de ce Pinus longaeva a été estimé à
4 789 ans lorsqu'il fut étudié en 1957.
Mathusalem est considéré
comme le plus ancien arbre et organisme vivant non-clonal.
Le grand
âge que peuvent atteindre ces arbres en ont fait un objet d'étude de choix.
Ce furent d'ailleurs les premiers arbres à être utilisés par Andrew Douglass, célèbre astronome américain
Il développa la dendrochronologie pour comprendre le climat
des derniers millénaires
|
Un défi pour la science
Ils
représentent un sujet d’étude passionnant pour les scientifiques, du fait de leurs
caractéristiques hors du commun.
« L'Arbre
de vie » du Bahrein est l'un des phénomènes les plus remarquables au
monde :
Il s'élève
fièrement au milieu du désert, à des kilomètres des sources d'eau et des zones
de végétations.
Comment fait-il
pour survivre ?
Les biologistes et scientifiques qui
sont venus examiner l'arbre sont restés perplexes. Et malgré plusieurs
théories, son existence et sa survie dans le désert sont toujours une énigme.
Ainsi, certains pensent que les racines de cet arbre, baptisé
Sharajat-al-Hayat, s'étendent très loin mais surtout dans les profondeurs, où
des sources d'eau encore inconnues viendraient l'alimenter. Mais jusqu'ici
personne n'a pu prouver cette hypothèse.
Sa survie miraculeuse au milieu de
nulle-part et dans des conditions aussi difficiles pousse la population du
Bahreïn à penser qu'il s'agit-là de l'unique vestige du mythique jardin d'Eden.
Et pour cause ? Sa source d'eau demeure toujours un mystère.
Âgé de plus de 400 ans, la survie
continue de cet Arbre de Vie, est remarquable.
L’espèce curieusement étrangère à
Bahreïn pourrait être liée à la présence portugaise au 16ème siècle de notre
ère.
Il
repose donc sur un équilibre naturel très fragile, qui doit être protégé par
les autorités du Royaume de Bahreïn, mais aussi scrupuleusement respecté par
les nombreux visiteurs du site.
Les arbres modifiés
par l’homme
Source d’inspiration, l’arbre a été,
de tout temps, travaillé par l’humain, certains
arbres devenant remarquables grâce
à la main de l’homme.
L’intervention
humaine peut transformer un végétal en œuvre d’art et par conséquent en
modifier le rôle ou l’utilisation que l’on en fait.
Aussi, le bois mort est fréquemment
utilisé afin de réaliser des sculptures. Plus rarement c’est l’arbre sur
pied, encore vivant qui est le support de l’artiste.
Le sujet ainsi transformé prend
alors une nouvelle identité.
Tout
aussi
Arbre sculpté de motifs
animaux
|
Arbre habillé de tricot
de laine
|
Protection
conservation
Un
peu partout, à l'initiative d'individus, d'associations, ou de collectivités,
des recensements et inventaires sont menés et certains arbres sont classés
comme monuments et bénéficient de soins et de protection.
La
raréfaction des surfaces occupées par les forêts primaires, le déboisement,
l’exploitation ou la pollution destructrice, ont conduit
l’homme à prendre conscience de la valeur patrimoniale particulière que peuvent
représenter certains arbres.
Statut
juridique de l'arbre
Cependant, si la forêt et les bois sont plus ou moins protégés par le
droit coutumier ou codifié de par le monde, l'arbre en tant qu'individu a
rarement de statut juridique clair, même quand une valeur patrimoniale importante lui est unanimement reconnue.
Dans certaines cultures, des arbres peuvent être sacrés. Dans certains
pays un arbre ou des arbres peuvent être protégés par une servitude environnementale qui peut interdire aux générations successives d'acheteurs d'un terrain
de les couper et/ou de les exploiter.
Contrairement à cette image d'archives.
Des réflexions existent pour donner aux
arbres et en particulier aux arbres remarquables un statut plus clair.
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Conclusion
Plusieurs lois des monuments historiques, d’urbanisme ou
de protection naturelle sont censées pourvoir à la défense de ses géants.
On constate, malgré ces textes, que la valeur écologique est rarement
prise en compte, sauf si celle-ci représente de surcroit une valeur économique.
Un attrait touristique est meilleur garant de leur protection que le
fait d’une haute estime liée à sa richesse écologique.
Pourtant leur rôle dans la biodiversité est primordial. Véritables
écosystèmes, ces arbres extraordinaires sont des ilots qui hébergent quantités
d’espèces animales et végétales. Leur importance dans la biodiversité au niveau
mondiale est incalculable.
Dans le monde, les destructions drastiques de spécimens semblent d’une autre époque.
Cependant la disparition des
forets primaires, l’appât du gain et le libéralisme ambiant, nous oblige à
rester vigilants quant à leur défense.
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