Faut-il continuer à se parer de ses plus beaux habits quand personne n’est là pour vous regarder ?
Le 07.06.2013 par Lisa Garnier (site Vigie nature)
Photo de Cymbalaire ou "ruine de Rome"
C’est tout l’enjeu des plantes à fleurs sauvages des villes. Quelle énergie doivent-elles consentir à mettre dans leurs beaux habits, à savoir leurs pétales faisant office de panneau directionnel à l’attention des abeilles, en zone ultra-bétonnée où seul un insecte passe toutes les 24 heures ?
C’est à cette question que les chercheuses Nathalie Machon et Emmanuelle Porcher du Muséum, avec l’association Tela Botanica, vous proposent de répondre pour le programme Sauvages de ma rue de Vigie-Nature. En un après-midi, vous aurez tôt fait de participer à l’opération cymbalaire !
« Opération » parce que votre participation ne dure que très peu de temps. Il s’agit 1- de trouver une cymbalaire 2- de mesurer les pétales de cinq de ses fleurs 3 – envoyer les données ici.
« Cymbalaire » parce que ce nom désigne une plante, Cymbalaria muralis, spécialiste de la colonisation des murs et des murets. Grâce à ses racines qui trouvent à pousser dans les moindres anfractuosités, elle arbore ses délicates fleurs mauve et jaune, telles des guirlandes en chapelet sur les murs des cimetières, le long des rues parfois à plusieurs mètres de hauteur… Graciles à nos yeux, ces fleurs n’ont pourtant pas d’autres buts que d’attirer les abeilles pollinisatrices. Mais que se passe-t-il lorsque les cymbalaires trouvent logis en des lieux où les abeilles se font rares comme dans certains quartiers des villes ?
Depuis qu’elles ont analysé les observations des 400 rues inventoriées en 2011 et 2012 par les participants au programme Sauvages de ma rue, les chercheuses ont remarqué que les plantes des centres villes semblent se passer des pollinisateurs et qu’elles sont majoritairement des espèces autogames (le bilan 2012-2013 du programme Sauvages de ma rue est ici). Ce qui veut dire que chez ces plantes, le pollen arrive à féconder leurs propres ovules : elles « s’auto » fécondent. Les graines sont issues de la rencontre d’un grain de pollen et d’un ovule du même parent. Or la cymbalaire possède cette caractéristique. Si les abeilles passent leur chemin, leurs fleurs sont capables de fabriquer des graines toutes seules…
Avec l’opération cymbalaire, tout l’enjeu consiste à savoir si les plantes investissent leur énergie pour fabriquer des fleurs attirantes aux yeux des abeilles seulement sur des « autoroutes » ou des « nationales » à insectes ou si même en plein désert, elles continuent à se mettre sur leur 31.
En participant à cette recherche, vous mettrez votre petite brique dans l’édifice des connaissances de la biologie de la reproduction végétale. A suivre !
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