vendredi 9 mars 2018

Portraits de GEANTS





Le caractère « remarquable » d’un arbre dépend de nombreux critères, multiples et subjectifs.
En dehors des qualités incontestables qui rendent certains individus exceptionnels, comme la longévité ou les dimensions, bien d’autres paramètres peuvent entrer en compte.
Un arbre qui peut paraître quelconque parmi ses semblables, au milieu d’une forêt, sera remarqué isolé et servant de repère visuel, au milieu d’un paysage ; planté au milieu d’une place de village, il prendra une valeur symbolique et culturelle au voisinage des générations d’hommes qui le côtoieront ; seul de son essence dans une région, il sera distingué pour sa rareté.
Arbres exceptionnels par leur histoire, leur dimension ou encore leur forme, souvent connus depuis des générations, ils traversent les époques et rappellent à l'homme son histoire locale ou nationale, et ses légendes.


Témoins de l’histoire des hommes

Depuis longtemps, dans certaines cultures, des arbres plus grands ou plus gros que les autres sont réputés abriter les esprits d'ancêtres ou avoir des vertus particulières.
D'autres sont appréciés pour leur ombre et peuvent abriter diverses cérémonies ou être un lieu de rencontre, de justice (« arbre à palabres », arbre de Saint-Louis…).

Certains de ces arbres ont un nom qui parfois devient le nom d’un lieu-dit ou d’une bataille.
Quelquefois, c’est par décision d’un groupe, d’une communauté réunie dans la liesse ou dans le souvenir des souffrances passées, qu’un arbre est planté, comme un geste d’espoir, comme un élan de fraternité retrouvée, comme un message adressé aux générations futures.

L’arbre est alors témoin parce qu’on a voulu qu’il témoigne, et parce qu’on l’a planté avec autant de confiance que si on avait érigé un monument de pierre.
Chacun sait confusément que les arbres survivent aux tourments des hommes, bien plus longtemps souvent que les constructions ou les stèles qu’on avait crues définitives. L’arbre grandira, et les humains auront pour tâche de révéler le sens de sa présence, de maintenir le souvenir vivace, sans quoi notre arbre ne sera plus qu’un arbre parmi les arbres.
L’arbre toujours, est témoin de ce dont les hommes veulent bien se souvenir.

Traversant les siècles, les arbres ont assistés aux faits historiques.
Autant que les livres d’histoire, ils traversent les époques et semblent inscrire en eux la mémoire des peuples.



Arbres symboliques
L’exemple du Cèdre du Liban
 Le cèdre, symbole du Liban, est considéré comme un arbre sacré car il est mentionné dans les trois grandes religions monothéistes.
Le Cèdre du Liban est mentionné dans la Bible comme utilisé par Salomon pour construire la charpente du temple de Jérusalem. Il est également mentionné dans le Psaume 104: « Et le cèdre du Liban que Tu plantas ».
Alphonse de Lamartine (1790-1869), émerveillé par les cèdres du Liban lors de son voyage en Orient en compagnie de sa fille Julia, eut ces paroles : « Les cèdres du Liban sont les reliques des siècles et de la nature, les monuments naturels les plus célèbres de l'univers. Ils savent l'histoire de la terre, mieux que l'histoire elle-même ».

Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944), qui aimait beaucoup les cèdres et qui par ailleurs avait séjourné au Liban en 1935, écrivait dans Citadelle : « La paix est un arbre long à grandir. Il nous faut, de même que le cèdre, aspirer encore beaucoup de rocaille pour lui fonder son unité ».
Pour les Libanais, le cèdre est un symbole d'espoir, de liberté et de mémoire. En 1920, un des textes de la proclamation du Grand Liban déclare : « Un cèdre toujours vert, c'est un peuple toujours jeune en dépit d'un passé cruel. Quoiqu’opprimé, jamais conquis, le cèdre est son signe de ralliement. Par l'union, il brisera toutes les attaques ».


Le cèdre du Liban fut célébré par  les plus grands écrivains du monde :
Khalil Gibran, Antoine de Saint-Exupéry, Alphonse de Lamartine.


Grands par la taille

Les records sont  revendiqués par plusieurs pays à travers le monde.
Le Sequoia de Californie nommé « Hyperion » et un eucalyptus en Tasmanie entre autres monstres d’environ 100m de haut.
Quant au "General Sherman" situé dans un grand parc de Californie. Il est réputé être le plus grand séquoia géant du monde, mais en plus il serait le plus gros.
Cet arbre monumental mesure 83,8 m de haut pour 24,10 m de circonférence (même 31,4 m à la base).
La cime est large de 33 m et la branche la plus basse est située à 40 m de haut !

Ils portent des noms issus de la mythologie, on ne peut plus symboliques.
 -Hypérion : en grec :
 “Celui qui est au dessus”
 - Hélios : Dieu du soleil
Quant à Icarius, tiré d’Icare est connu principalement pour être mort  après avoir volé trop près du soleil


 Le « champion du tour de taille »

L’arbre de Tule surnommé l’arbre de vie est situé dans  l'État mexicain d'Oaxaca.

 Il mesure 41 mètres de haut pour 42 mètres de circonférence. Son diamètre, mesuré à 1,5 m de hauteur atteint 14,4 mètres.
Il serait âgé d'entre 1200 à 3000 ans.


Vieux comme Mathusalem

Le plus vieil arbre non clonal
C’est-à-dire un même arbre issu d’une même racine.
Mathusalem est un type de pin vivant au sommet des White Mountains du comté d’Inyo, en Californie orientale.
Il tient son nom à l’un des  personnages  ayant vécu près de 1000 ans  dans la Bible. L'âge de ce Pinus longaeva a été estimé à 4 789 ans lorsqu'il fut étudié en 1957.
Mathusalem est considéré comme le plus ancien arbre et organisme vivant non-clonal. 
 
Le grand âge que peuvent atteindre ces arbres en ont fait un objet d'étude de choix. Ce furent d'ailleurs les premiers arbres à être utilisés par Andrew Douglass, célèbre astronome américain Il développa la dendrochronologie pour comprendre le climat des derniers millénaires



Le plus vieil arbre clonal
C’est-à-dire issu d’une racine commune qui donne naissance régulièrement à de nouveaux arbres.
Cet épicéa de Norvège est situé sur la Montagne Fulufjället de Dalarna en Suède et a été découvert par un professeur de géographie physique, Leif Kullman. L’arbre a été surnommé « old tjikko », du nom de son chien. Il est vieux de 9.550 ans (daté au carbone) ! 

Un défi pour la science

Ils représentent un sujet d’étude passionnant pour les  scientifiques, du fait de leurs caractéristiques hors du commun.

« L'Arbre de vie » du Bahrein est l'un des phénomènes les plus remarquables au monde :
Il s'élève fièrement au milieu du désert, à des kilomètres des sources d'eau et des zones de végétations.
Comment fait-il pour survivre ? 
La question se pose depuis plusieurs années déjà...

Les biologistes et scientifiques qui sont venus examiner l'arbre sont restés perplexes. Et malgré plusieurs théories, son existence et sa survie dans le désert sont toujours une énigme. Ainsi, certains pensent que les racines de cet arbre, baptisé Sharajat-al-Hayat, s'étendent très loin mais surtout dans les profondeurs, où des sources d'eau encore inconnues viendraient l'alimenter. Mais jusqu'ici personne n'a pu prouver cette hypothèse.


Sa survie miraculeuse au milieu de nulle-part et dans des conditions aussi difficiles pousse la population du Bahreïn à penser qu'il s'agit-là de l'unique vestige du mythique jardin d'Eden. Et pour cause ? Sa source d'eau demeure toujours un mystère.

Âgé de plus de 400 ans, la survie continue de cet Arbre de Vie, est remarquable.
L’espèce curieusement étrangère à Bahreïn pourrait être liée à la présence portugaise au 16ème siècle de notre ère.
Il repose donc sur un équilibre naturel très fragile, qui doit être protégé par les autorités du Royaume de Bahreïn, mais aussi scrupuleusement respecté par les nombreux visiteurs du site.

 
Les arbres modifiés par l’homme

Source d’inspiration, l’arbre a été, de tout temps, travaillé par l’humain, certains  arbres  devenant remarquables grâce à la main de l’homme.
L’intervention humaine peut transformer un végétal en œuvre d’art et par conséquent en modifier le rôle ou l’utilisation que l’on en fait.  
Aussi, le bois mort est fréquemment utilisé  afin de réaliser des  sculptures. Plus rarement c’est l’arbre sur pied, encore vivant qui est le support de l’artiste.
Le sujet ainsi transformé prend alors une nouvelle identité.
Tout aussi
Arbre sculpté de motifs animaux
extraordinaire, il interpelle plus par son originalité que par ses dimensions naturelles hors du commun :
Arbre habillé de tricot de laine
Arbre mort ou vivant sculpté, arbre taillé, arbrasson (photo dessous), arbre emballé…
 


Protection conservation
Un peu partout, à l'initiative d'individus, d'associations, ou de collectivités, des recensements et inventaires sont menés et certains arbres sont classés comme monuments et bénéficient de soins et de protection.
La raréfaction des surfaces occupées par les forêts primaires, le déboisement, l’exploitation ou la pollution destructrice, ont conduit l’homme à prendre conscience de la valeur patrimoniale particulière que peuvent représenter certains arbres.
Statut juridique de l'arbre
Cependant, si la forêt et les bois sont plus ou moins protégés par le droit coutumier ou codifié de par le monde, l'arbre en tant qu'individu a rarement de statut juridique clair, même quand une valeur patrimoniale importante lui est unanimement reconnue.
Dans certaines cultures, des arbres peuvent être sacrés. Dans certains pays un arbre ou des arbres peuvent être protégés par une servitude environnementale qui peut interdire aux générations successives d'acheteurs d'un terrain de les couper et/ou de les exploiter.
Contrairement à cette image d'archives.
Des réflexions existent pour donner aux arbres et en particulier aux arbres remarquables un statut plus clair. 
 

Conclusion

Plusieurs lois des monuments historiques, d’urbanisme ou de protection naturelle sont censées pourvoir à la défense de ses géants.  
On constate, malgré ces textes, que la valeur écologique est rarement prise en compte, sauf si celle-ci représente de surcroit une valeur économique.

Un attrait touristique est meilleur garant de leur protection que le fait d’une haute estime liée à sa richesse écologique.
Pourtant leur rôle dans la biodiversité est primordial. Véritables écosystèmes, ces arbres extraordinaires sont des ilots qui hébergent quantités d’espèces animales et végétales. Leur importance dans la biodiversité au niveau mondiale est incalculable.

Dans le monde, les destructions drastiques  de spécimens semblent d’une autre époque.
 Cependant la disparition des forets primaires, l’appât du gain et le libéralisme ambiant, nous oblige à rester vigilants quant à leur défense.  




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